MAGAZINE #18

Magazine est l’occasion de réunir une programmation de cinéma, complètement hétéroclite et en toute subjectivité : des films courts que l’on aime, des films récents ou vieux, qu’on a vus ou pas… Le principe de ces soirées est simple : chaque membre d’Artoung! choisit un film – son film – sans le dire aux autres. Ce n’est que le soir même que nous découvrons, avec vous, ce que chacun a précieusement sélectionné.

Cinéma expérimental et pop corn !

 

CINÉ-BRUNCH URBANO – ROMA

Ciné-brunch Artoung!, en partenariat avec l’association Dolce Cinema et les XXIIe rencontres autour du film ethnographique.

2 films et une installation

L’Imperatore di Roma de Nico D’Alessandria

Il y a trente ans, Rome.
Objet filmique singulier, situé quelque part entre fiction et documentaire, dans un lieu où le cinéma de recherche rencontre l’amateur punk et underground, ce film suit les errances urbaines d’un jeune toxicomane désœuvré dans Rome. 

L’Imperatore di Roma de Nico D’Alessandria; 1987 / 35mm / noir et blanc / son / 90′

Attraversare Roma, de Aude Fourel.

Il y a cinq ans, Rome.
Déambulations et filatures filmées en Super 8. Traverser Rome, en marchant, en filmant, c’était rechercher la nécessité qui lie la géographie à intervalles de la ville, le mouvement de la marche et le mouvement des images, l’accumulation des traces vidéo, sonores et cinématographiques : afin que Rome surgisse, peut-être…

Attraversare Roma de Aude Fourel; 2013 / num. / coul. / son / 20′

Une installation : « L’Urbain voyeuriste à l’heure » (sous-production en cours), de Artoung!

Aujourd’hui, ici.

La ville, en résumé de situation dans une pièce, pour toi, et une seule fois.

En vue d’une cohabitation : liste /  maquettes dichroïques, reliquat photo-chimique, écran multi-tâches, miroir et alouette, in-vivo pigeon, pièces sonores, plus et encore.

 

CARTE BLANCHE AUX SCOTCHEUSES

«Qu’est-ce que le cinéma ? Rien. Que veut-il ? Tout. Que peut-il ? Quelque chose.»

Artoung! donne carte blanche aux Scotcheuses pour une soirée en 8 mm.

Les scotcheuses sont des petits outils pour faire le montage en pellicule, mais c’est aussi le nom d’un collectif de cinéma artisanal. Avec nos caméras super 8, on se balade sur des lieux en luttes pour fabriquer des fictions avec les gens qui habitent ces lieux et ces luttes. Parfois on est douze, parfois on est trente, parfois on fait des films, parfois on fait des cantines, des chantier,s des cartes postales, de la musique et plein d’autres choses, toujours de manière horizontale (enfin, le plus possible). On vient vous proposer de regarder des ouesterns qu’on a fait à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, de parler du film post-catastrophe (nucléaire) qu’on est en train de tourner à Bure, et qu’on discute ensemble de tout ça (la ZAD, le nucléaire, les collectifs, le cinéma…)

– À la ZAD : sème ton western 2014 / super8 / coul. et nb / 22’

– No Ouestern 2015 / super8 / coul. / 28’

 

 

ANNULÉ POUR CAUSE D’EXPULSION DE LA ZAD DE NDDL / LES SCOTCHEUSES

Salut le 102,
Ces quelques lignes pour vous expliquer pourquoi nous ne sommes malheureusement pas là avec vous ce soir. 
On a pris l’habitude de présenter les scotcheuses comme un collectif de cinéma en super 8 et sans hiérarchie, qui fait des films sur des lieux en lutte avec les gens qui y luttent. Un collectif qui fait des films, mais pas que : on écrit aussi des textes, cuisine des grands repas, organise de joyeuses soirées… et on s’engage aux côtés, parfois en plein cœur de ces luttes qui nous tiennent au ventre et qui nous habitent autant qu’on les habite.
Aujourd’hui, à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, où ont été tournés les deux ouesterns qu’on voulait vous présenter, une opération militaire est en cours. Les gendarmes, procureurs et autres gardes mobiles, avec leurs grenades lacrymogènes, leur hélicoptère, leurs drones et leurs blindés, tentent d’expulser les copains et les copines installé.e.s là depuis plusieurs années.
Depuis l’abandon du projet d’aéroport Grand Ouest en janvier, l’état fRançais n’a plus qu’une idée en tête : évacuer les zadistes, rendre les terres au libéralisme ambiant et que  » force reste à la loi « , selon la formule. 
Ces années de mouvement contre l’aéroport « et son monde » ont vu se renforcer des manières de lutter et de vivre ensemble, tout soudé. Les cabanes magnifiques qu’on a filmé il y a 4 ans sont aujourd’hui détruites pour la plupart, mais l’énergie présente sur la zone les remettra bientôt d‘aplomb, plus bigarrées que jamais.
On montera des charpentes toutes les nuits parce qu’on est plus chauds que les lacrymos (et lumbago). « Ils détruisent, on reconstruit », comme on dit sur place, « même si ça doit être 10 fois, 100 fois, 1000 fois ! ».
En ce mois d’avril 2018, c’est pour défendre la ZAD, ses habitant-es et ses manières de vivre, qu’un grand nombre d’entre nous se sont rendu.es sur place depuis le début des expulsions. Avec les déclarations récentes de notre premier sinistre, reprises par le monarque présidentiel, on pense fort qu’une nouvelle phase de violences risque d’arriver dans la semaine, et on se tient prête à y rester ou à y retourner au plus vite.
Voilà. Et pour ne pas être une seule personne à venir présenter le collectif, et pour répondre au mieux à l’invitation du 102, nous avons préféré reporter notre venue à Grenoble à quand les lacrymos se seront calmées dans le bocage. Ce n’est que partie remise !
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« Qu’est-ce que le cinéma ? Rien. Que veut-il ? Tout. Que peut-il ? Quelque chose. »

Artoung! donne carte blanche aux Scotcheuses pour une soirée en 8 mm.

Un groupe qui fait des films dans des endroits en lutte. Depuis une petite dizaine d’années les membres de cette entité argentique protéiforme se baladent de ZAD en ZAD pour y fabriquer des films avec les personnes qui défendent des lieux. Ils y travaillent sur place. Volonté d’indépendance et volonté photochimique à l’heure du Youtube express & co.

– À la ZAD : sème ton western2014 / super8 / coul. et nb / 22’

– No Ouestern
2015 / super8 / coul. / 28’

– À Bure : Absences
2017 / super8 / nb / 4’ / fait en émulsion artisanale !

– Film surprise
2017 / super8 / coul. / son en direct / 5’

MIDDLE OF THE MOMENT

A CINEPOEM ABOUT

NOMADIC LIFE/ CINÉMA

De Nicolas Humbert et Werner PenzelCh & All / 1995 / 35 mm / 80’

Le milieu, le cœur du moment, là où résonne le boum du tambour, où tourne la roue de la caravane, où les flammes du feu de camp s’élancent et éclairent les visages. La vie nomade comme un voyage de sons et d’images au pays des circassiens, des Touaregs du Sahara et du poète errant. Là, les chants bruts, la musique de Fred Frith, le sable, la boue. Différentes manières d’habiter le monde, d’emprunter un lieu et de le rendre, en effaçant les traces de son passage.

Après avoir visionné ce film, on voulait poursuivre le mouvement et se lever tranquillement des sièges pour un déhanché salvateur… Alors une boum ambulante orchestrée par Dj Mun t’y es bas clôturera la soirée. Ce sera la première date d’une tournée des films de Nicolas Humbert en sa présence.

FESTIVAL STÉRÉOGRAMME PASSIONATA – MULTIPLEXINÉMA

« C’est vrai. On louche souvent sur l’image, cédée, volée, copiée, mélangée… Argentique ou numérique, aucun répit. L’apocalypse s’abat. Alors venez brûler vos rétines! »

Comme nous avions bien envie d’une petite douche printanière d’images en mouvement, alors on s’est dit qu’on allait inviter nos comparses qui font eux aussi des programmations indépendantes dans d’autres cités avoisinantes et faire un festival !

Alors Stéréogramme Passionata c’est le mélange d’envies de 5 collectifs de programmation: Gran Lux (Saint-Étienne), Météorites (Lyon), Le Spoutnik (Genève), Vidéodromes2 (Marseille) et Artoung! (Grenoble). Venez ! Mirez les cinémas d’azimuteurs passionnés !

18 films – 6 séances – 3 performances – 305 minutes – Un jeu – Gouter – Boire – Voire – Manger – Parler

Séance Slide Motion (41′)
L’Archange Gabriel & madame l’Oye de Jiri Trnka  Cz / 1964 / 16 mm / 23’
La Main de Jiri Trnka  Cz / 1965 / 16 mm / 19’

Jiří Trnka, c’est l’autre maitre de l’animation Tchèque. Tout aussi talentueux mais moins reconnu que son compatriote Švankmajer, ses marionnettes sont à redécouvrir à travers deux œuvres incontournables : « L’Archange Gabriel » et son moine concupiscent ainsi que « La Main », allégorie à peine voilée des rapports entre art et totalitarisme.
– Thanks for Watching de Yoann Demoz  Fr / 2016 / num. / 9’
Un clip-abîmes des groupement moderne de sociabilité… Solitude et Slap

Séance Memoria (60′)
Toute la mémoire du monde d’Alain Resnais  Fr / 1956 / 16 mm / 21’
– Hôtel des Invalides de Georges Franju  Fr / 1951 / 16 mm / 22’
D’un côté Resnais qui se fait ethnologue en promenant sa caméra dans la Bibliothèque Nationale, de l’autre Franju qui s’appuie sur ses images de l’Hotel des Invalides pour livrer un réquisitoire contre la guerre, en commun la même volonté de questionner la mémoire. Deux monuments, littéralement.
– Furor de Salomé Laloux Bard  Bl / 2012 / num. / 17’
Serge est comédien. Enfant de la République Démocratique du Congo, il devient soldat durant la guerre entre 1997 et 2001. L’invocation de son enfance se confond dans la fureur d’un jeu théâtral où la réalité devient fiction.
Séance Fiction (52′)

– Le Grand Méliès de Georges Franju  Fr / 1952 / 16 mm / 31’ 
– Ils attrapèrent le bac de Carl Theodor Dreyer  Dk / 1948 / 16 mm / 41′

Splendeurs et misères d’un amuseur de génie : la vie de Méliès interprétée par son propre fils.
Un jour, Dreyer réalisa un film pour la sécurité routière. Cette affirmation suffirait par son étrangeté mais nous rajouterons qu’il s’y trouve une inquiétante course-poursuite.

Séance Pink Splash Production (21′)
– Évasion Expresse de Françis Masse  Fr / 1973 / 16 mm / 4’
Dans son compte rendu du festival de Grenoble 1974, un critique d’Art-vivant définit le style d’« Évasion expresse » de « graphisme assez Crumbien » et d’humour « splendidement noir ».
– Oiseau de nuit de Bernard Palacios  Fr / 1975 / 16 mm / 9’
Un oiseau-femme peut changer votre vie de bureaucrate.
– Ad vitam æternam de Gilles M Baur  Fr / 1975 / 16mm / 8’
Un film d’animation traitant la réincarnation d’une manière humoristique.
Séance Massif (27′)
– Par des voies si étroites de Vincent Sorrel  Fr / 1995 / 16 mm / 16’
150 vaches sont menées par 3 hommes, filmés par une Bolex et son cavalier.
– La Grande Ruine de Gaëlle Rouard  Fr / 1998-2008 / 2x16mm  / 11′
Dès lors nous ne marchâmes plus que sur des neiges, souvent très difficiles, 
dont les vagues noires rendaient un son sourd, et dans la lenteur avec laquelle elles semblaient se mouvoir,
un bouc sombre s’élevait de leur abîme, leur mordait les jambes et les contraignait à se faire bien vite remonter.

Séance Interdite (54′)
– Daily Train Loops de Coxa Plana  Fr / 2018 / 16 mm / 30′
Petite projection privée interdite au publique des films trouvés quelque part.
– Faut pas délirer de Lucrecia et Lewis  Fr / 2018 / 16 mm / 14’
Quelques jours pour exhumer des Images dans les Archives du Meuble Jaune, avec l’enjeu de découvrir le projocoptère comme unique outil. Émergence du sous-conscient photogrammique.
– L’esthétique de la suggestion n°3 d’Élisa Guttoc  Fr / 2018 / voix / 10′
Une exploration des possibilités plus ou moins obscure du cinéma.
Performances
– Quelques minutes de soleil après minuit de Xavier Q  Fr / 16mm / 30′
Un univers sur le fil, entre rêve et réalité, intime et chaos. Pellicule allumeuse, sauvage et passagère. Saturation des flux. Suspension, silence fragile. Les flashs se réveillent, la mécanique hurle.
Nos rétines deviennent infidèles et se laissent noyer dans un pur éphémère.
– Salle hors-sac de Riojim Fr / 16mm / 20′
Quand il fait nuit.

 

FESTIVAL STÉRÉOGRAMME PASSIONATA – MAGAZINE ÉLARGIE

« C’est vrai. On louche souvent sur l’image, cédée, volée, copiée, mélangée… Argentique ou numérique, aucun répit. L’apocalypse s’abat. Alors venez brûler vos rétines! »

Comme nous avions bien envie d’une petite douche printanière d’images en mouvement, alors on s’est dit qu’on allait inviter nos comparses qui font eux aussi des programmations indépendantes dans d’autres cités avoisinantes et faire un festival !

Alors Stéréogramme Passionata c’est le mélange d’envies de 5 collectifs de programmation: Gran Lux (Saint-Étienne), Météorites (Lyon), Le Spoutnik (Genève), Vidéodromes2 (Marseille) et Artoung! (Grenoble). Venez ! Mirez les cinémas d’azimuteurs passionnés !

MAGAZINE ÉLARGIE

– Häxan (la sorcelerie à travers les ages) de Benjamin Christensen Sw / 1922 / 35mm / 76

– Foundfootage du Spoutnik Ch / 2016 / 35 mm / 6’

– La Verifica Incerta de Gianfranco Baruchello It / 1964 / 16 mm / 32′ 

– Sandwich Congolais Technicolor proposé par le Gran Lux & le Fonds d’archives Podolski Fr / 2018 / 16 mm / 20’

– Le Tempestaire de Jean Epstein Fr /1947 / 16 mm / 23’

 

LA SALLE IMAGE

Elles sont partout, les images. On s’y habitue. Pourtant, certaines d’entre-elles s’aventurent loin des sentiers battus. Elles saisissent ce qu’on ne voit pas, qu’on ne voit plus. Ce sont des images qui cherchent, qui questionnent, qui révèlent – trop pour ceux qui aimerait les maîtriser. Elles sont libres et justes. Insoumises à la politesse et à la propreté. Belles car rebelles. Laissons-les nous échapper.

BODYCAM de Stéphane Myczkowski (France / 217 / 17’)
Crissements de pneux. Coups de feu. Chant des sirènes. La caméra comme pièce à convictions. Le regard soumis a l’objectif de la bodycam, le spectateur devient témoin malgré lui. (Femis – France)

ALL RIGHTS RESERVED de Anael Resnick, Laila Bettermann (Israël / 2015 / 12’)
Elle nous héberge, nous vivons dedans. Mais qu’a-t-elle vécu ? Dans chacune de ses pièces, sous chacune des couches de papier qui l’habille, la maison conserve, protège, dissimule, des bribes d’histoires. (Ecole d’art de Bezalel – Israël)

THE BIRD AND US de Félix Rehm (France / 2017 / 20’)
Brancusi, piaf mal-formé, traverse l’Atlantique et arrive enfin à New York, aveuglé par la liberté éclairant le monde, comme tant d’autres. « Eh le vilain, qu’est-ce que tu es, une mouette, un pingouin ? ». Paf, au mitard à cause de son anormalité. Brancusi, Oiseau dans l’espace, mérite-t-il de payer pour rentrer aux USA alors que ces derniers envoient des astronautes sans mandat ? (Femis – France)

MAGAZINE #17

Magazine est l’occasion de réunir une programmation de cinéma, complètement hétéroclite et en toute subjectivité : des films courts que l’on aime, des films récents ou vieux, qu’on a vu ou pas. Le principe de cette soirée est simple : chaque membre d’Artoung! choisit un film – son film – sans le dire aux autres. Ce n’est que le soir même que nous découvrons avec vous ce que chacun a précieusement sélectionné. Cinéma expérimental et pop corn !

Koropa de Laura Henno / 19′ / 2016 / HD

Naissance du cinéma de Roger Leenhardt / 38′ / 1948 / 16mm

Perforce de Gianfranco Baruchello / 16′ / 1968 / 16mm

Joana de Vuelta de ? / 15′ /  2019 / performance 16mm

BLUE VELVET de DAVID LYNCH

Blue Velvet de David Lynch (EU/1987/35mm/vf/120′)

Vous coulez des jours heureux dans votre petite bourgade, pensant que cela peut durer toujours. Cessez immédiatement. Et venez à la ville, ici, là, sur les légendaires fauteuils en velours du 102. L’heure de vous inquiéter un tantinet.

Débusquer trois champignons enclavant votre qualité de vie ne vous dispense de rien. Et certainement pas d’y croiser une oreille. Une oreille à terre, laissée pour morte, annonce de votre dérive. Le pavillon du Mal. Ce Mal qui dans votre esprit n’existe que dans des harangues de George ou Donald.

Venez enfin ne pas résoudre l’énigme. L’occasion d’en redescendre, de votre minuscule bourgade.