LE LIVRE D’ IMAGES de Jean-Luc Godard

Le livre d’images, de Jean-Luc Godard (2018, 84 minutes)

Expérience immersive en 7.1 Jean-Luc Godard a voulu que son dernier film existe en dehors des circuits de l’exploitation cinématographique.

Conçu pour être diffusé selon un dispositif Home cinéma 7.1, Le Livre d’images est présenté au 102 ce mercredi 4 Mars.

La voix de Godard entoure son geste d’archéologue qui consiste à penser et monter avec les mains, d’un magnétoscope à l’autre, les images altérées d’une histoire du cinéma volée, copiée, saturée, pour réinventer la jeunesse du cinéma jusqu’à tout brûler.

19h30 :  Ouverture des portes
20h :  Film

LA CIÉNAGA de Lucrecia Martel

Argentine – Etats-Unis – Japon – France – Suisse – Espagne – Brésil / 2001 / 35mm / 102′

Dans la chaleur suffocante des marécages du nord-ouest de l’Argentine, Mecha, une cinquantenaire, passe l’été avec ses quatre enfants et un mari inexistant. Sa cousine a aussi quatre enfants, et tous vivent ensemble jusqu’à l’enlisement.

La Ciénaga frappe fort pendant 102 minutes. Expérience de cinéma brute, vision esthétique d’une région en décomposition, le film de Lucrecia Martel privilégie la sensation, et plus précisément une incontestable sensualité, à un choix narratif classique. Succession elliptique de scènes suggestives jouant sur une accumulation d’impressions, provoquant une fascination hybride exacerbée par un climat oppressant, La Ciénaga envoûte littéralement par son bizarre a priori repoussant. Mais ce lot de mutilations et de paysages en putréfaction, moites, bouffés par la chaleur, finit par tourner à la fantasmagorie – sinon au surnaturel.

SOIRÉE MAGAZINE* – THÈME : DÉCOMPOSITION

Tout est destiné à la défaite : mais qui dit décomposition dit recomposition, dans une autre forme. Ce soir, le cinéma nous fait l’aveu du spectaculaire par l’agencement de corps, de paysages, de temporalités renouvelées par des visions éclatées.

À l’affiche : Altiplano, de Malena Szlam / 00 et 39,8280, -76,01212, de Katherine Bauer (qui sera présente) / V.W. Vitesse Women, de Claudine Eizykman / + une oeuvre de Jacques Perconte / + encore deux ou trois bonnes surprises…

*Principe : chaque membre du collectif Achtung! programme un film, sans l’avoir dévoilé antérieurement aux autres membres.

NUIT ZÉRO

L’espace du temps qui suit le crépuscule du soir jusqu’au crépuscule du matin. Oh ! la nuit. Nous la célébrons ce soir avec le festival Ethno et Ciné. Photochimie & lumière nous parlant du sans-soleil. Que se passe-t-il la nuit dans l’obscurité, dans une salle de cinéma, juste à côté de toi ?

– The eyes empty and the pupils burning of rage and desire de Luis Macias (2018 / 16mm et 35mm / nb / 18’). Partant du noir photogrammique, Luis Macias performe une alchimie de feu sur argent. Une recherche à dérivation de brûlures pour révéler les nuances de la matière obscure.
Verrons-nous l’apparition d’une étoile ou d’un âtre iconique ?

– I can’t see the sixth sun de Alfredo Costa Monteiro et Luis Macias (2019 / 16mm et diapo 35mm / coul. & nb / électroacoustique / 18’). Un film-performance qui plonge dans les astres pour se douter de quelle place occupe l’homme dans l’univers.

Suivi d’une séance de films en 16mm :
A touch of venus : general picture episode 11 de David Wharry (1980 / coul. / sonore / 8’)
Corpusculaire de Yves Lafontaine (1990 / coul. / sonore / 10’ 28)
The song of Riojim de Maurice Lemaître (1978 / nb / sonore / 6’)
Parcelle de Rose Lowder (1979 / coul. / 3’)
The fall of house of Usher de J.S. Watson Jr et Melville Webber (1928 / nb / sonore / 12’)

PETER HUTTON & KILL YOUR IDOLS

Hutton sur la vision telle que vécue lors de voyages de marine marchande disait : « Les marins, traditionnellement, se fient à leur vision pour survivre : observation du temps et de ses motifs, texture des courants océaniques, étoiles… Une histoire veut que les marins Polynésiens surent deviner l’existence d’une île longtemps avant qu’elle n’apparaisse sur l’horizon, par une lueur verte sous un nuage… »

Venez deviner les rêveries filmiques du cinéaste Peter Hutton, né sur le bord du Grand Lac de Detroit et mort à un jet de pierre de la rivière Hudson à Poughkeepsie NY. Inspiré par la peinture, la sculpture et tout ce qui pouvait lui en apprendre sur la perception des doux mouvements de lumière, il nous fait part du voyage qui permet l’observation contemplative au bord d’un fleuve, perché dans une ville ou devant un paysage.

Puis, un film-hommage, Reel for Peter, lancé par ses collègues et amis Jennifer Reeves et Mark Street, à sa mort, en 2016. Trente-six cinéastes se laissent emporter et filment une bobine en noir et blanc en pensant au travail solitaire de Hutton… Auquel on osera en ajouter pour l’ouïe : Kill Your Idols, qui eux rendent hommage à Sonic Youth…

Time and Tide (2000 / 16mm / couleur / 35’)
Study of a River (1996 / 16mm / nb / 16’)
Images of Asian Music (1973-74 / 16mm / nb / 26’)
In Titan’s Goblet (1991 / 16mm / nb / 10’)
Reel for Peter (2017 / 16mm / nb / simple et double écran / 60’), en duet avec Kill Your Idols.

KILL YOUR IDOLS

De l’envie commune d’un « Super Band » réunissant ces 7 musiciens attachés au gros son acoustique et à l’énergie communicative va naître cet hommage à l’un des groupes historiques du rock avant gardiste, Sonic Youth.
Sonic Youth est probablement le groupe qui a su faire le lien entre la liberté du Free jazz et le minimalisme de John Cage pour se créer un style propre, Pop déstructurée par l’emploi récurrent de dissonances et de distorsions.

2 trombones (P. Charbonnier et O. Bost)
2 sax baryton (M. Demereau et E. Vagnon)
2 sax basse (M. Maffiolo et F. Nastorg)
1 trompette (R. Klukowski)

THE PARTY

De Blake Edwards (1968 / USA / 35 mm / couleur / sonore / VOSTFr / 99’).

Probablement le film le plus drôle du monde. En tout cas de 1968. Couleurs chatoyantes, bande-son de Mancini, alcool et amour libres, jeunesse pop, bourgeoisie hollywoodienne ne sachant que payer pour s’amuser… Peter Sellers arrive, et tout sera détruit par un flot continu de gags fous, dévoilant tout.

Ambiance jouasse garantie, lors de cette dernière soirée Achtung!, avec des surprises, un apéro-vinyls, puis un genre de silence de fête qui prouvera que le 102 peut continuer à ne pas faire de boum tout en demeurant aussi fréquentable que chez toi… Noblesse oblige.

TED FENDT [EU]

Fin mai, on accueille Ted Fendt, cinéaste et traducteur, pour une séance de trois films. Depuis 2012, il tourne en 16mm avec des acteurs non-professionnels dans les alentours de sa ville natale en New Jersey et Philadelphie. Ses films, précis dans leurs enquêtes, cherchent à être fidèles aux caractères et à l’environnement de ses amis-acteurs pour lesquels les films sont écrits. Ce mélange de réflexion théorique et de prise en compte de la spontanéité crée une douce radicalité.

– Classical Period (2018 / USA / 16mm / coul / son / 61’)

– Travel Plans (2013 / USA / 16mm / coul / son / 6’)

– Study with Book (2017 / USA / 16mm / coul / son / 1’)

Recommended reading: La Divine Comédie de Dante.

Brooklyn à Saint Bru / FILM USA

Le cinéma est une invention mécanique du XIXe siècle. L’ équipement est lourd et raide. Par rapport à ce que pourrait être le regard d’un ange, c’est assez désespérant”– in “Passage de Cinéma, 4992”

Artoung! ramène en avion une compilation de film court états-uniens du XXIe siècle en 16 mm. La chasse n’a pas eu encore lieu, nous découvrirons plus tard le butin photochimique.

Voilà où nous en étions il y a trois mois…

Depuis, nous sommes allés aux USA, à Brooklyn, et avons rencontré le labo Photochimique:

Mono no Aware

On a braqué leur dernière production de films 16mm.

10 courts métrages pas vus encore en Isère.

MATTES Erica Sheu 2018 / 16mm / n&b / reversal / silent
DAS IST KUNST Julie Orlick 2018 / 16mm / n&b / reversal /silent
RAPT Melissa Cha 2018 / 16mm / n&b / work print / sound
WHAT’S THE MEANING OF THIS? Pimo (Pixy Liao and Takahiro Morooka) 2018 / 16mm / n&b / work print hand processed / sound
WHO YOU GIVE YOUR HEART TO Phoebe Collings-James 2018 / 16mm / n&b / work print hand processed, sound
UNTITLED Phoebe Collings-James 2017 / 16mm / Color / work print / silent
WHAT SHE KNEW Jess Mcgee 2018 / 16mm / Color / work print / silent
KINKY Nora Rodriguez 2018 / 16mm / Color / work print / silent
CRUSHER Steve Cossman 2016 / 16mm / Color / work print / sound
MOTION AT A DISTANCE Lindsay Packer & Andrew Yong Hoon Lee 2018 / 16mm / Color / work print /sound

La séance sera accompagnée d’une lecture intéressante.

L’expression mono no aware est composée du mot 物, signifiant « chose », et de l’interjection 哀れ. Couramment utilisée à l’époque Heian, on pourrait traduire cette interjection par « ah ! ». Elle témoigne d’une surprise mesurée, contrôlée. Ainsi cette expression articulée autour de la particule japonaise の signifie très littéralement

« l’aspect ah ! des choses ».

Cependant, pour mieux comprendre l’expression, on peut la rapprocher d’équivalents européens, par exemple « lacrimae rerum » ou « memento mori ».

DESSUS, SOUS, DESSOUS ET DEDANS

La mer se révèle catalytique face à la bravoure humaine. Mais pas uniquement ! D’ailleurs, les histoires ici sont portées et détournées par maints catalyseurs et nous vous invitons en démêler la corde, ce soir, d’une séance de cinq courts-métrages qui bercent et secouent l’esprit.
Aux écrans des œuvres de Epstein, Méliès, Pirès, Dubrulle, et Bellon.

En collaboration avec la Cinémathèque de Grenoble.

NANOUK L’ESQUIMAU

de Robert Flahetry
(1922 / 16 mm / n&b / 78’)

 

Film au réalisme fou, documentaire de dupes sur la banquise ; Nanouk est une date, un exemple de tournage où se force la vérité que l’on montre, le poétique que l’on exhibe.
Vérité : l’auteur a tout perdu, il monte un laboratoire sur place, développe et projette aux Inuits.
Séquence : l’igloo terminé, le personnage retourne casser de la glace, un bloc dans un lac, prend une fenêtre, enlève un bout de mur. Il l’a fait pour la caméra.

 

Surprise de la rentrée : une pièce sonore suivra la projection.