Film ist (1-6)

de Gustav Deutsch (1998, 16 mm, coul-n&b, sonore, 60’)Le cinéma c’est, d’après Gustav Deutsch, une quantité incalculable de choses ;aussi en 1998 commence-t-il un inventaire dont il sait qu’il sera toujours incomplet.En deux soirées, nous vous présentons les douze premiers chapitres de ce travailen cours qui nous racontent que le cinéma est une technologie, une machine deperception, un art de l’illusion, un clin d’œil, de la magie… Chacune des soiréesest autonome, et peut-être vue sans l’autre, mais en faisant l’expérience des deuxsoirs, vous ne verrez plus le cinéma du même œil.

Film ist (1-6) est presque exclusivement composé de séquences extraites defilms scientifiques montrant des animaux, des phénomènes naturels, desexpériences physiques filmées en laboratoire etc. Sorties de leur contextescientifique et délivrées de toute perspective didactique, les images, dans lemontage sensible qu’en fait Gustav Deutsch, dévoilent tout leur pouvoir defascination. On y ressent non seulement la politique, mais aussi la poésieparticulière du genre “film scientifique” qui se sert fréquemment des moyensconceptuels expérimentaux.

Film ist (7-12)

de Gustav Deutsch (2002 / 35 mm / coul-n&b / sonore / 93’)

Film ist. (7-12) revient sur les origines du septième art en six chapitres pour sixgrands thèmes et formes développés par le cinéma muet. Rapprochant desextraits de films qui n’ont rien à voir entre eux par des effets de montage et derépétition, les distordant à l’aide de ralentis et d’accélérés, Gustav Deutschmanipule le corps filmique et brise le fil du récit pour lui donner un sens nouveauqui souligne l’inventivité et le pouvoir de fascination d’images fondatrices. Six“tableaux-films”: Film ist “comique”, “magie”, “conquête”, “écriture et langage”,“sentiments et passion”, “mémoire et document”.

Description d’une île

De Rudolf Thome et Cynthia Beat ( RFA / 1978 / 3h12 / 16mm)
Comme « Tabou » de Murnau ou « Milestones » de Kramer, « Description d’une île »est un film unique, essentiel à la magie du cinéma sans qu’on puissedire exactement en quoi, sinon qu’il joue sur une progression amnésiquedu spectateur. Car, avant d’être un film ethnologique, c’est un filmmystérieux dont on sort en se posant mille questions, bien incapable deraconter d’un seul tenant ce qu’on a vu.
Et pourtant le spectateurhabite de bout en bout ce film : il débarque à Ureparapara, dans lesNouvelles-Hébrides, avec l’équipe germano-britannique venue étudier lesmœurs autochtones. Il s’y promène, aussi passionné par la micro-sociétédes ethnologues que par celle des insulaires mélanésiens.

Dans le cadre des Rencontres Ethno & Ciné

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Cinéma chez l’habitant

C’estune nouvelle expérience que nous tentons : sortir de la salle du 102pour rentrer dans l’intimité de vos appartements. L’idée est simple :on se propose de venir chez vous avec un vidéoprojecteur, un écran etle film que vous aurez choisi parmi une liste de 7 films-documentairesque nous vous proposons. De votre côté, vous invitez au moins dix ouquinze personnes (selon la taille de chez vous). Chacun amène à boireet à manger, on regarde le film ensemble et on en discute. En plus,c’est gratuit. Cliquez ici pour réserver votre soirée.

Below Sea Level

De Gianfranco Rosi (États-Unis, 2008, 35 mm projeté en Beta-sp, vost, 115’)
SlabCity, au seuil du désert californien, est un vaste camp de caravanes,de mobilhome, d’autobus déglingués, et de quelques cabanes, à proximitéd’un centre de tirs aériens. Dans ce lieu improbable vivent sans eau niélectricité, sans police ni gouvernement, des hommes et des femmes quiont tourné le dos à la société et qui veulent qu’on les laissetranquilles. Ils n’y sont pas venus en quête d’un autre monde, mais dudésert lui-même.
La solitude est le terme de leur voyage. “Below sealevel” est un film choral où les histoires se croisent ets’entrecroisent et nous emportent ; un film qui tient à la finesse et àla profondeur des liens que le cinéaste a lentement tissé avec leshabitants de Slab City.

Autoproduit, tourné en 35 mm, sanséquipe, pendant trois ans… ce film, d’une construction classique,réussit à capter la beauté et l’extravagance de ces êtres échoués là.







Supercolor Palunar / Juke Film Boxe

Superbesoirée d’automne, marquant l’ouverture de l’exposition Rénovation 102 de Liz Rácz, avec la Juke Film Boxe de Gaëlle Rouard et le SupercolorPalunar de Jérôme Noetinger & Lionel Palun.

La Juke Film Boxe.Course de voiture, en montagne ou à la baleine… films de genre (lequel?) et même un qui fait peur à la demande : 2 ou 3 choses modiques qu’onpeut faire du Cinéma ou encore 2 ou 3 beaux étroncs auxquels vousglisserez bien 2 ou 3 pièces ?

Supercolor Palunar – video feedbackexperience. Trois écrans sont disposés en totem; un écran est branchédirectement sur une sortie de console, un second moniteur est réservéau travail vidéo et le dernier téléviseur est le point de rencontrecommun. Tout est basé sur des processus de feedback. Le son génère del’image, l’image génère du son. Une expérience distendue de sonscraqués, et de couleurs dénaturées. www

Magazine #8

Magazineest l’occasion de réunir une programmation decinéma, complètement hétéroclite et entoute subjectivité, des films qu’on aime, des filmsrécents ou vieux, qu’on a vu ou pas, mais qu’on veuxpartager ensemble… Cinéma expérimental,cinéma du réel pour un voyage dans les grandes capitalesdu monde : Hong-kong, Paris, New York, Shanghaï et Foix.
Ainsi pour cette huitième tentative, une ville de New-Yorkfantomatique filmée avec une camérasténopée, un documentaire sur les déambulationsd’ados à La Courneuve, le passage hallucinant des avionsau milieu d’Hong-Kong, un film insolite et dérailléde Luc Moullet sur Foix, une balade dans le métro new-yorkaissur une musique de Duke Ellington par DA. Pennebaker et enfin un planséquence des illuminations publicitaires de Shanghaï parAkerman.

Daybreak Express deD.A. Pennebaker (États-unis, 1953, 16 mm, 5’)
Foixde Luc Moullet (France, 1994, 16 mm couleur, 13’)
– Hong-Kong (HKG) deGerard Holthuis (Autriche, 1999, 35 mm, 13’)
– Sur la piste deJulien Samani (France, 2006, 35 mm, 32’)
– New York zero zero deJ. Schlomoff (France, 2006, 35 mm, 21’)
– Tombée de nuit sur Shanghaïde Chantal Akerman (France, 2008, vidéo, 15’)

Magazine #7

Première partie de soirée :
Construction / déconstruction

Outer Space de Peter Tscherkassy (1999 / 10 mn / 35 mm, scope)
« L’impression d’unfilm d’horreur, le danger qui guette. La nuit. Dans le regard dela caméra légèrement oblique surgit d’unnoir profond dans une lumière iréelle une maison quidisparaît à nouveau. Une jeune femme s’approchelentement de ce bâtiment. Lorsqu’elle y entre, les pointsde montage craquent, la bande son grince de façonatténuée et étouffée. Outer Space,un électrochoc sur les dysfonctionnements filmiques, un«hell-raiser» du cinéma d’avant-garde quidéclenche un enfer et mène la destruction (de lanarration, de l’illusion) avec une beauté rare. »


Temps Travail de Peter Van der Keuken (2000 / 11 mn / dvd)
Peter Van der Keuken a fabriqué un montage effectuéà partir d’extraits de ses propres films montrantles gestes répétitifs typiques de toutes sortesd’activités laborieuses rurales, artisanales,industrielles dans des contextes géographiquescomplètement différents. Étonnant depoésie…

In Working Progress de Guy Davidi et Alexandre Goetschmann (2005 / 30 mn / dv-cam)
Dans l’ombre du désengagement des forces armées etcoloniales israéliennes, à l’ouest de Ramallah, unenouvelle ville est en construction: Modi’in Illit. Les grandesentreprises en bâtiment para gouvernementales,protégées par l’infrastructure desécurité israélienne, profitent del’occasion pour étendre de manière illégalele chantier destiné à l’arrivée de nouveauxcolons.

Tweety Lovely Superstar de Emmanuel Gras (2005 / 18 mn / dvd)
Beyrouth. Quatre hommes et un enfant sur le toît d’unimmeuble. Leur travail : le détruire. Leurs outils : leur bras.Leur labeur de ce jour est leur labeur de chaque jour.
Grand prix du festival Doc en courts 2006 – Prix Moulin des Écrans Documentaires 2005

Dreamworks de Peter Tscherkassy (2001 / 10 mn / 35 mm, scope / n&b)
« Un film en noir et blanc et enCinémascope, qui dure le temps d’une phase de sommeil profond.Une femme entre dans une maison, enlève ses chaussures,également son slip, et s’endort… Et comme dans un vrairêve, aucune image n’est isolée, chaque image radicalementfortuite, mais leur relation nécessaire au point qu’une autresolution est impensable – à moins de changer d’univers. C’estdonc le meilleur des mondes oniriques possibles, si effroyable qu’ilparaisse. »

Bert Rebhandl

>Deuxième partie de soirée :
Destruction ?

Dillinger est Mort de Marco Ferreri (1969 / 90 mn / 16 mm)
De retour de son travail, Glauco trouve sa femme allitéeà cause d’une migraine. Le repas préparé par labonne ne lui inspirant pas confiance, il décide de fairelui-même la cuisine. En fouillant dans les placards, ildécouvre un révolver entouré d’un papier journalannonçant la mort du dangereux gangster Dillinger… Un huisclos presque muet d’un pessimisme terrible sur la condition humaine…

Jan Svankmajer en courts

Entre poésie et barbarie, les films d’animation de Jan Svankmajer nous confrontentà la banalité de la vie quotidienne en la transformant en féerie, mais en féerieinquiétante. Et cette perception surréaliste et sarcastique du monde provoquechez le spectateur une jubilation sans égale. Quoi de plus délicieux que de voirs’animer des crânes d’animaux, des langues de boeuf et de la pâte à modeler. Lamatière est mise à rude épreuve, les corps sont démantelés, les objets quotidienssont pris à contre-emploi. Ainsi nait sous ses doigts un monde fantastique oùl’angoisse – enfantine ? – n’est jamais loin sans être effrayante, où les personnagesne sont ni bons ni méchants mais mi-anges mi-démons… Comme disait MilosForman : “Buñuel plus Disney égal Svankmajer.”

Le bonheur

d’Alexandre Medvedkine (1934, 35 mm, n&b, 63’)“Le Bonheur” commence par cet avant-propos : “Le bonheur – ou l’histoire del’infortuné Khmyr / de sa femme-cheval Anna / de son opulent voisin Foka / etaussi du pope, de la bonne sœur, et autres épouvantails – dédié au dernierkolkhozien fainéant.” Khmyr le gringalet et sa grande et forte femme forment uncouple incroyable autour duquel gravitent des images aussi inventives quesavoureuses. Ainsi , Le Bonheur est pendant une heure, une successio d’idéestoutes plus folles les unes que les autres. Ce petit bijou chaplinesque de 1934,interdit peu après sa sortie par la censure soviétique, fut redécouvert par ChrisMarker dans les années soixante (les fameux groupes Medvedkine de Sochauxet Besançon).

Version sonore de Chris Marker & musique de Modeste Moussorgsky.