Projecteur 16 Tout Puissant ! & Trois points crochets

Une soirée en deux parties autour de la pellicule 16mm. Un programme de courts expérimentaux qui (enfin!) ne datent pas des années 30 et qu’on n’a pas déjà vu trente-six fois au 102, puis une performance à base de films truqués surpiqués & lumière bruyante. Paul Sharits se retourne dans sa tombe.

– All that rises de Daïchi Saïto (2007 / 16mm / 7′)
– Ritournelle de Christopher Becks & Peter Miller (2012 / 16mm / 4′)
– Beltane de Christopher Steel (1997 / 16mm / 6′)
– Queen’s Quay de Stephen Broomer (2012 / 16mm / 1′)
– Beijing 1988 de Rose Lowder (1988-2011 / 16 mm / 12′)
– Mountain home de Robert Schaller (2007-2010 / 16 mm / 10′)

Trois points crochets : quatre projecteurs 16mm et une machine à coudre. Une performance qui mêle images travaillées en amont et film détérioré en direct par la machine à coudre, jusqu’à épuisement. Ça ferait penser aux mouvements d’Henri Michaux. Du film truqué surpiqué sans caméra, une expérience autour du support argentique. Ou comment le trou, en oscillation et traversé par la lumière, crée de l’image, du son, parle du cinéma et de la lumière bruyante.

Mariane Moula : machine à coudre /// Carole Thibaud : projecteurs 16mm
http://carolethibaud.com/doku.php
http://marianemoula.blogspot.fr/

Lame de fond de Perrine Michel

Histoire d’un accident. La vente d’une maison de famille. Des souvenirs d’enfance qui apparaissent. Un délire anxiogène. Un complot politique. Un internement en hôpital psychiatrique. Un film.

« Toute la beauté du film de Perrine Michel réside dans ce mouvement, cette douce force avec laquelle il vous prend, vous emporte et vous submerge. Sa violence est bien celle d’une lame de fond qui vous cueille et vous retourne pour vous laisser sur la grève, étourdi mais grandi : spectateur, Perrine m’a donné à vivre le pire, comme un appel au meilleur ». Denis Gheerbrant.

Le Cabaret-Ciné de la CNT

Depuis ses débuts, le cinéma accompagne et nourrit les luttes sociales. Au delà des seuls films militants, il y a les super-productions à grand spectacle, les tragédies comiques, les films d’aventures ou les drames amoureux, les films d’animation aussi, qui abordent toujours à un moment ou à un autre les questions de société et notre rapport au travail. Tout cela constitue une formidable montagne d’images et de récits dans lesquels nous avons pioché et extrait des pépites qui – mises bout à bout – constitueront le fil conducteur d’une soirée de causeries et de banquet gargantuesque. Se faire plaisir donc, avec un florilège de perles rares et à l’occasion questionner le monde du travail, repenser nos façons de nous organiser et chambouler le reste aussi.

premières assiettes : 19h30
premières images : 20h30

Bouh ! Un film sur le squat des 400 Couverts

Film collectif [France / 2013 / dvd / 97’]
À Grenoble, de 2001 à 2005, une traverse entière a été squattée : plusieurs maisons d’habitation, une salle publique, des ateliers et plein de folies, d’humour, de galères, de collectifs, de colères, d’expérimentations…
Bouh !, manigancé par quatre anciennes habitantes du squat, est basé sur des recherches archéologiques approfondies, des traces éparses recueillies au fond de divers placards, de tiroirs mal refermés et de poches percées… Nos histoires, nos luttes sont précieuses, invisibles et trop souvent étouffées. Racontons-les.

Le corps chorégraphié

ou comment raconter des histoires sans parole, uniquement à travers la mise en scène des corps en mouvement.

– Pièce touché de Martin Arnold [Autriche / 16mm / 16’]
– River Rites de Ben Russell [ 2011 / États-Unis, Surinam / dvd / 11’]
– Arena Zycia de Bogdan Dziworski [1979 / Pologne / dvd / 20’]
– Coup de boule de Romuald Karmakar [1987 / Allemagne / 16mm / 8’]
– Dix minutes de vie de Herz Frank [1978 / Rep Tchèque / dvd / 10’] …

Elie et nous

de Sophie Bredier [2010 / France / Beta sp / 70’]

« Ancien déporté d’Auschwitz, Elie Buzyn s’est fait enlever, en 1956, le matricule que les Allemands avaient tatoué sur son bras. À sa place, aujourd’hui, une cicatrice blanche, plissée, comme une brûlure ancienne, la marque d’un fer. Le bout de peau avec le tatouage, Elie l’a gardé précieusement, enveloppé dans un mouchoir. Mais un jour, on lui vole sa veste avec, dans sa poche, le précieux « parchemin ». Ce jour-là, le monde d’Elie s’effondre.

Non seulement le passé remonte mais surtout la disparition de la marque du bourreau met à jour une blessure symbolique plus profonde, une aliénation plus sournoise, caractéristique de la perversité de la solution finale. Elie est convaincu qu’on lui a volé son existence en lui volant ce bout de peau, alors même que c’est cette marque qui l’a privé de sa vie, il y a soixante ans. Il vit comme une trahison ce qui devrait être une délivrance, comme le lui suggèrent sa femme, ses enfants, ses amis… La perte de ce tatouage ne l’a-t-elle pas arraché définitivement à l’emprise des camps, en le ramenant à un état antérieur, d’avant le nazisme ?

Pour Elie la question est autre : comment transmettre son histoire sans cette preuve ? Une idée germe petit à petit en lui, monstrueuse, dévorante : se refaire tatouer à l’identique à partir d’une photo et se faire enlever à nouveau le fragment de peau. Mais un faux tatouage peut-il encore témoigner de la réalité de l’événement ? Ne risque-t-il pas au contraire de contaminer celle-ci de sa fausseté ?  » (Yann Lardeau)

48 / Eût-elle été criminelle

48 de Susana de Sousa Dias [2009 / Portugal / dvd / 93’]

48 ? Les 48 ans de la dictature de Salazar sur le Portugal et ses colonies. Sur fond de photos anthropométriques de la PIDE, la redoutée police politique du régime, des opposants se souviennent. D’un côté l’histoire cachée de ces photos, de l’autre le face à face du bourreau et de sa victime fixé pour l’éternité. La plupart de ces photos sont neutres, inexpressives. Elles parlent surtout de ce qui ne se voit pas – des bourreaux, de leur fantasme de maîtrise absolue, d’anéantissement de l’autre.

Derrière ces images monochromes et monotones, tristes et inertes, des voix, celles de ces mêmes personnes photographiées hier par la PIDE et qui se souviennent aujourd’hui, devant nous avec leurs mots, leurs peurs, leurs cicatrices, de leur arrestation, des sévices, des tortures, des humiliations, de la prison. Parfois, les photos manquent. Les fichiers ont été détruits ou perdus. À leur place, des plans immobiles, nocturnes, d’arbres, de clôtures. Ce vide est pire que les clichés anthropométriques. Les portraits témoignent encore d’une présence, d’un passage. Les paysages renvoient à une disparition absolue, sans traces, sans témoins.

Derrière les voix, l’ombre des fantômes. Et puis dans cette grisaille sans fin, cette répétition terrifiante, un trou, un éclair. L’exception, l’inimaginable : le rire franc, provocant, d’une jeune fille, cette force et cette inconscience merveilleuse de la jeunesse qui sait que la vie lui appartient, que nul ne peut la lui prendre, un sourire radieux, éblouissant, dont on devine combien il a laissé désarmé l’homme en face, puisque le cliché, si peu dans les normes policières, a été gardé.(Yann Lardeau)

Eût-elle été criminelle de Jean Gabriel Périot [2006 / France / dvd / 10′]
France, été 44. La Libération….

Regarde elle a les yeux grands ouverts

Film collectif [1980 / France / 16 mm / 100’].
Plus qu’un documentaire sur le procès des « filles d’Aix » qui ont continué à pratiquer des avortements après la loi Veil, Regarde elle a les yeux grand ouverts est aussi une observation sensible des principes autogestionnaires du MLAC et des méthodes alternatives d’accouchement et d’avortement. Ces pratiques devenues collectives, repoussent les limites du corps décent ou indécent et le contrôle de l’institution médicale, pour mieux inventer un autre rapport au corps et une possibilité chorale de lutter. Un grand film d’amour, une expérience de la lutte charnelle et sensible.[Séance organisée avec la complicité du Poulpe Pirate]

En présence de Nicolle Grand protagoniste du film et ancienne membre du MLAC d’Aix

La Bête Lumineuse

La Bête Lumineuse de Pierre Perrault [Canada / 1983 / 16mm / 127’]
Un groupe d’hommes se retrouve chaque année pour chasser l’Orignal, animal mythique du Canada. Dix jours durant au milieu de la forêt, ils laissent loin derrière eux leur train-train quotidien et leur famille. De la mise en place des stratégies de chasse, aux longues stations dans la nature, jusqu’à la démesure des repas et beuveries de fin de journée, Pierre Perrault les suit caméra au poing sans jamais tomber dans les pièges du folklore et de l’anecdote : il nous propose ainsi plus qu’un film sur l’amitié virile, la poésie et les relations de pouvoir au sein d’un groupe ; un film naturaliste sur la chasse et la nature. C’est ce qui est beau dans le cinéma et particulièrement dans ce film : se retrouver immergé là où l’on n’aurait jamais osé aller et rencontrer ainsi I’Extraordinaire… la bête lumineuse.

Brames de Marc et Olivier Namblard [Éditions Ouïe/Dire – 2012 – 10’ ]
Toutes lumières éteintes, verrons-nous également apparaître cette fameuse bête lumineuse, en écoutant un extrait de Brames de Marc et Olivier Namblard ?

Sans-papiers, travail social & syndicalisme

Cette soirée sera l’occasion de s’interroger sur le rôle joué par les travailleurs/lleuses sociaux au travers de l’accueil des sans-papiers : est-ce devenir un relais d’une politique de discrimination ? Quelles réponses possibles pour ces travailleurs et travailleuses refusant d’endosser ce rôle ? Nous nous questionnerons aussi plus globalement sur le sens du travail social, ses contradictions, ses limites : contrôle social ou rôle d’émancipation ?
Cette discussion sera précédée de la diffusion du documentaire Les Arrivants de Claudine Bories et Patrice Chagnard [2010 / DVD / 113’].
Soirée programmée par le syndicat CNT santé-social.