Ixe

De Lionel Soukaz [1981, 35mm, coul, 48 minutes].

«Ce film qui est une série ininterrompue de flashes, de spots, sur un fond musicalsouvent violent, et qui s’achève par un long ricanement fort pénible. Il est apparu à laCommission comme une provocation et une agression systématiques. La multiplicationdes flashes souvent difficilement compréhensibles, peut en outre être à l’origine d’effetstout à fait imprévisibles au niveau inconscient » C’est ainsi que, en l’an de grâce 1981, lacommission de censure exprimait son insondable malaise suite à la vision de Ixe.

Doté d’un montage halluciné rythmé par des morceaux électro-pop, ce pamphlethomosexuel dans lequel des images (fellation, shoot d’héro, le pape, scènes desodomie…) s’entrechoquent, construisant une critique cinglante et magnifique desvaleurs morales oppressantes à toutes les époques. Lionel Soukaz nous livre un chantà la fois d’amour et de mort et filme dans un même mouvement, la beauté de ces jeunescorps et leur probable destruction sous l’effet de l’héroïne.

Dans le cadre du cycle «Traversé par la mort»

Walpurgis / Kristoff K.Roll

Walpurgis : un essai cinematographique de F.Choffat [2008, HD, 66’00] sur un texte de Karl Kraus La troisieme nuit de Walpurgis (1933), musique de Kristoff K.Roll.
Un film qui dérange, qui parle de ce que l’on a sous les yeux et que l’on accepte, de nos limites qui bougent, de ce qu’il faut combattre. Et qui parle de cinéma, de l’interface entre le texte et l’image, de comment aérer les mots et les rendre glaçants. Ce film parle de nous avec un texte de 1933. Un vertige !

Et en résonance avec la projection, le duo Kristoff. K.Roll (Jean-Christophe Camps & Carole Rieussec) prolongera la soirée en improvisation avec certains matériaux entendus dans le film. Il pourra s’agir d’un remix ou d’un écho à bas bruits selon l’axe d’écoute et l’atmosphère de la salle après le visionnage de Walpurgis.

Monsieur Zwilling & Madame Zuckermann

de Volker Koepp [1999, 35mm, couleur, 120’]

Mr. Zwilling, 70 ans, mélancolique et éternel pessimiste, et Rosa Zuckermann, jeune femme de 90 ans pleine d’énergie, sont les derniers juifs nés dans le vieux Czernovitz (Ukraine), derniers rescapés de la Shoah. Construisant son film autour du dialogue entre le pessimiste et l’optimiste, Voker Koepp nous livre un documentaire drôle et fin sur ce qui fonde l’identité d’un individu, l’identité d’une culture et la manière de la transmettre.

Magazine #9

Magazine est l’occasion de réunir une programmation de cinéma, complètement hétéroclite et en toute subjectivité, des films qu’on aime, des films récents ou vieux, qu’on a vu ou pas, mais qu’on veut partager ensemble… Cinéma expérimental, cinéma du réel et pop corn. À Gute Nacht!, on est 7 : chacun d’entre nous a donc choisi 1 film.

Un chant d’amour de Jean Genet [France / 1950 / 35mm / n&b / 25’00]
Achilles de Barry Purves [Royaume Uni / 1995 / dvd / coul / 12’00]
N’entre pas sans violence dans la nuit de Sylvain George [France / 2007 / dvd /n&b / 20’00]
Zillertal de Jürgen Reble [Allemagne / 1991 / 16mm / coul / sonore / 11’ 00]
Suburbs of the void de Thomas Köner [Allemagne / 2004 / Mini DV / coul / sonore / 13’ 00]
La plage de Patrick Bokanowski [France / 1991 / 35mm / coul / sonore / 14’ 00]
Dix jours pour un jour de Djamila Daddi-Addoun [France / 2010 / dvd / coul / 7’30] + film surprise !

Je vous aimais… Trois romances [Ya vas lyubil]

Trilogie documentaire de Victor Kossakovsky (Russie, 1998/2000, DVD, 102’)Y a-t-il un âge pour aimer ? Qu’est ce que l’amour ? L’amour est il soluble dansle couple ? Victor Kossakovsky ne répond absolument pas à ces questions. Ilconstruit avec tendresse une trilogie sur l’amour et le couple aux trois âges dela vie… un pur morceau de romantisme à la fois effrayant et touchant comme unecomédie hollywoodienne au pays de Pouchkine.

Pavel et Lyalya – Romance de Jérusalem (1998, sépia, 35 mm projeté en dvd, 30’)Pavel Kogan et Ludmilla Stanoukinas comptaient parmi les maîtres de VictorKossakovsky au Studio de films documentaires de Leningrad au début des années1980. En 1993, ce couple de juifs russes a émigré en Israël.Le vieil homme est très malade et a besoin en permanence des soins de sa chèreLyalya qui fait front 24 heures sur 24, malgré sa fatigue. Elle l’accompagne dansl’épreuve de cette lente agonie avec une énergie vitale qui traverse le film etl’éclaire d’une splendide lumière.

Sergueï et Natacha – Romance provinciale (2000, couleur, 16 mm en DVD, 20’)Ils ont à peine 20 ans et veulent se marier. Ils ne sont pas encore tout à fait adultesni autonomes. Les familles prennent tout en mains, mais la célébration des nocesreste un grand moment : le repas, les toasts, les cadeaux, le bal…Cette romance provinciale de Victor Kossakovsky évoque moins l’accomplis-sement d’un désir amoureux qu’elle ne brosse le portrait d’une société qui pèsede tout le poids de ses conventions sur la jeune génération.

Sacha et Katia – Jardin d’enfants (2000, couleur, dvcam projeté en dvd, 52’)Ils sont ensembles au jardin d’enfants, mais Sacha va passer à la “grande école”.Katia l’aime à la folie, mais Sacha aime aussi Arina. Katia est triste et jalouse,c’est son premier chagrin d’amour.

ZEF

Le vent s’engouffre dans les oreilles.
Le vent soulève la poussière. Le vent, c’est le vent.

Z.E.F. est né de la rencontre de deux manipulateurs d’images et de lumières – Christophe Auger et Laure Sainte-Rose et de six musiciens clermontois du Collectif Musique en Friche, prenant pour thème le vent.

Un dispositif de projection cinéma 16 mm avec, dans le désordre, des trompettes, percussions, contrebasse, voix, trombone, tuba. Ce n’est pas un film qu’une musique accompagnerait mais plutôt un jeu permanent et improvisé entre les sons et les images. En somme, du cinéma vivant et de la musique qui s’improvise. Une performance à ne pas manquer. Ca va décoiffer !

The wooden lightbox: a secret art of seeing

Alex Mackenzie, cinéaste canadien, nous propose de repartir de zéro avec le cinéma…
Il a fabriqué sa propre émulsion, ainsi qu’unprojecteur à manivelle pour nous faire sentir lesdélicates promesses de cet art nouveau : l’image enmouvement.
À travers une imagerie à la fois archaïque etcontemporaine, le pays des rêves et l’habileté del’œil conspirent dans cette intime plongéecinématographique.

The Store

De Frederick Wiseman (1983, 118 minutes, 16 mm, vostf)
Wiseman est l’un des réalisateurs majeurs du cinémadocumentaire contemporain dont le travail a inspiré Depardon,Claire Simon et tant d’autres… Dans ses films, rien depréfabriqué, rien de prêt à consommer, illaisse au spectateur la place de réfléchir et decomprendre ce qui se joue devant ses yeux…
Dans l’inventaire obstiné de la réalitéaméricaine qu’il poursuit depuis ses débuts,Wiseman choisit de se poster dans un grand magasin. Pas n’importequel grand magasin mais le plus prestigieux d’entre eux, leNelman Marcus, un véritable empire. Avec sonimpassibilité habituelle, il en observe le quotidien. Il nousmontre, côté face, le manège des vendeurs en proieaux caprices des acheteurs, les opérations de marketing, lafièvre des préparatifs de Noël, côtépile, le conditionnement des employés, l’entretiend’embauche, les ateliers de fabrication, les fêtes intimesdu personnel et, en point d’orgue, l’anniversaire dufondateur célébré en grande pompe…

Grâce à la pertinence du montage, ces scènes de lavie ordinaire font sens et permettent au cinéaste dedémonter les mécanismes d’une institutionreprésentative de l’idéologie américaine.