Ouverture des portes à 18h, présentation à 18h30, repas 20h30.
Repas et entrée à prix libre
Que deviennent les luttes après les « victoires » ?
Rencontre et échanges avec Lucile Ruault autour de son livre « Le spéculum, la canule et le miroir. Avorter au MLAC, une histoire entre féminisme et médecine ».
Lucile Ruault est une sociologue qui travaille sur l’organisation sociale de la procréation, elle nous présentera son livre sur les luttes ayant précipité la légalisation de l’avortement, mais aussi sur l’impact de la loi Veil sur ces mêmes luttes : » Le spéculum, la canule et le miroir. Avorter au MLAC, une histoire entre féminisme et médecine » *.
Dans les années 70 l’avortement est un crime et les interruptions volontaires de grossesse sont pratiquées clandestinement, avec des conditions sanitaires pas tourjours suffisantes et de trop nombreux décès. Cette période est alors marquée par un mouvement politique d’ampleur pour le droit à l’avortement et l’accès à la contraception avec, par exemple la création du Planning Familial, parmi de très nombreux collectifs. Ces collectifs et associations, avec des medecin·e·s et des militant·e·s, se battent pour que l’avortement devienne légal et gratuit, que la contraception soit remboursée et ainsi limiter les risques pris par les femmes qui ne veulent pas ou plus d’enfant.
Le MLAC, Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception, regroupe alors des féministes, des médecin·e·s, des étudiant·e·s, des militant·e·s de multiples horizons. L’objectif du MLAC est la légalisation de l’avortement, qu’il soit accessible sur simple demande de la femme enceinte et qu’il soit entièrement remboursé. Mais l’une des actions du MLAC a aussi été de pouvoir apprendre et transmettre la pratique de l’avortement de comme un acte simple et peu risqué si il est pratiqué dans de bonnes conditions. Le MLAC a ainsi mis en place, de 1972 à 1984, des collectifs féministes dans lesquels des avortements étaient pratiqués et dont les techniques ont pu être partagées et réappropriées par les personnes concernées.
En 1975, la loi Veil « dépénalise l’avortement », celui-ci reste alors un délit mais il est toléré sous certaines conditions : la détresse de la femme qui y recourt et le fait qu’il soit pratiqué par un médecin à l’hôpital.
Les mouvements pour le droit à l’avortement se divisent, certain·e·s considèrent la lutte comme victorieuse quand d’autres considèrent justement une victoire de l’hégémonie médicale et certains MLAC continueront de pratiquer des avortements durant plusieurs années.
Dans son livre Lucile Ruault se concentre sur ces parcours de luttes « dissidentes » qui ont perduré après 1975 et raconte l’impact de la loi Veil sur les luttes et les pratiques autour de l’avortement, sur la question de la médicalisation et de la technique, du savoir-faire et de la transmission, de la réappropriation du soin, du contrôle des corps et des savoirs…
La présentation sera suivie par un temps d’échanges, de discussions et -pourquoi pas!- de partage d’expériences avec les participant·es, le tout pouvant être poursuivi lors du repas partagé qui sera proposé sur place (à prix libre, vegan).