Une soirées de cordes et de souffle, avec trois solos acoustiques !
Eric Brochard est un de ces musiciens qui travaillent au corps leur instrument et continuent inlassablement de l’explorer. Comme si sa contrebasse devait parler sous l’assaut de ses doigts et révéler tout un monde d’histoires enfouies. Qu’il frotte, frappe, caresse, gifle ou pince les cordes, il parvient toujours à exhumer des sons bruts de décoffrage et dénués d’artifices. Et de cette étreinte tour à tour tendre et fiévreuse naît une sorte de langage animal, vierge, venu de la nuit des temps. En privilégiant l’écriture automatique du geste, les rythmes versatiles, les parties mélodiques griffées par des accidents de parcours, Eric Brochard confère à chacune de ses représentations un caractère cérémonieux et aléatoire en inventant une musique organique, en perpétuel mouvement. Une musique qui sonne comme une délivrance.
De la voix de Claire Bergerault, ne retenir que l’essentiel, le son premier, le son brut. Devenir un corps à cordes, résonnant, les étirer comme on bande un arc pour la première ou la dernière fois. L’accordéon est une autre voix, peut être la même, qui s’insinue, distord ou vient fusionner avec l’organique.
Batteur de formation et guitariste de déformation, Fabrice Favriou s’efforce aussi de ne pas savoir jouer convenablement de l’harmonium. Son travail consiste à développer des drones, la musique évolue d’elle-même en s’étirant, les fréquences jouées génèrent des ondulations. Le procédé est principalement basé sur des variations microtonales, exercées par des différences de pression d’air par le pompage, ou des fermetures de circuit d’air en enfonçant plus ou moins les touches du clavier. L’harmonium génère des sons étranges, qui font penser à des sons électroniques et l’on pourrait qualifier ceci de musique industrielle de chambre, pourtant entièrement acoustique.
Eric Brochard : contrebasse / Claire Bergerault : voix-accordéon / Fabrice Favriou : harmonium indien