Dans la chambre de Vanda

Cinéma

mardi 18 novembre 2008

20h

4/5 €

Portugal

De Pedro Costa (1965, 35mm, vostf, 170’)
Il arrive qu’une œuvre vous marque à un tel pointque, sans trop savoir ni comment ni pourquoi, son souvenir finit parhanter quelque recoin de votre mémoire. Cela est le cas quand ondécouvre “No quarto da Vanda”, unfilm d’une radicalité devenue trop rare dans lecinéma. Un film sur une réalité dure, trésdure ; celle des Fonthainas, quartier en périphérie deLisbonne, ravagé par la drogue et la pauvreté. Unquartier que les pelleteuses s’empressent de démolir,comme s’il s’agissait d’une tâche qu’ilfaut effacer, et où sévit une spéculationimmobilière effrontée qui se réapproprie lesmaisons des plus démunis.
Pedro Costa y est revenu tous les jours, seul, sans équipe decinéma, filmer Vanda… et si la caméra de Costa sefaufile avec pudeur et impudeur dans la vie de Vanda et dans sonenvironnement ce n’est point pour en faire un portrait qui auraitpu être “social”, voire“anthropologique”. Costa réussit un film qui osedépasser la matérialité des choses et fouillerdans ces interstices de la vie où les tempéraments sontà découvert, les nerfs et le sang à vif, oùchaque acte porte à la fatalité de la chair. Un film touten clairs-obscurs qui signifie le respect le plus extrême pour cequi se livre à sa caméra. Pas de jugements, de bonssentiments ou voyeurisme derrière ses images, juste cetteintimité qui est donnée à voir… et bon-sangce que Vanda y est belle, elle qui, on le sait, se veut mourante.